Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’armée. Telles étaient les conditions dans lesquelles MM. Camphausen et Hansemann entreprirent la formation d’un cabinet.

La peur manifestée par les nouveaux ministres devant les masses révoltées était telle que tout moyen leur semblait bon, pourvu qu’il vînt consolider les bases ébranlées de l’autorité ! Ces malheureux égarés croyaient tout danger de restauration de l’ancien système écarté ; ils se servaient de tout le mécanisme de l’ancien État pour rétablir « l’ordre ». Pas un des bureaucrates ou des officiers ne fut remplacé ; pas le moindre changement ne fut apporté à l’ancien système bureaucratique de l’Administration. Ces fameux ministres constitutionnels et responsables ont même rétabli dans leurs emplois les fonctionnaires que le peuple, dans la première colère de son zèle révolutionnaire, avait chassés, pour les punir des abus bureaucratiques qu’ils avaient commis antérieurement. Rien n’était changé en Prusse, sauf la personne des ministres ; on ne toucha même pas au personnel des différents départements, et tous les constitutionnalistes qui se livraient à la chasse aux places et faisaient cortège aux nouveaux gouvernants, furent priés d’attendre que la stabilité rétablie permît d’opérer dans le personnel bureaucratique des changements qui, accomplis maintenant, ne seraient pas sans danger.

Le roi, découragé au plus haut point après l’insurrection du 18 mars, vit très rapidement qu’il