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administratives que constitutionnelles. Comme en Prusse, une partie de la bureaucratie s’était jointe à la bourgeoisie. Les traditions de Joseph II n’étaient pas oubliées au sein de cette caste héréditaire des fonctionnaires les plus instruits qui, eux aussi, s’occupaient quelquefois, dans leur imagination, de réformes possibles et préféraient de beaucoup le despotisme éclairé et progressiste de cet empereur au despotisme « paternel » de Metternich. Une portion de la noblesse pauvre se mit également du côté de la classe moyenne ; quant aux classes inférieures de la population, qui avaient toujours de nombreuses raisons de se plaindre sinon du Gouvernement, du moins des classes supérieures, elles ne pouvaient, dans In plupart des cas, qu’adhérer aux désirs réformateurs de la bourgeoisie.

C’était à peu près à cette époque, c’est-à-dire vers 1843 ou 1844, que s’était fondé, en Allemagne, un genre de littérature correspondant à ces changements. Quelques écrivains autrichiens, romanciers, critiques littéraires, mauvais poètes, tous de talent médiocre, mais doués de cet industrialisme propre à la race juive, se sont établis à Leipsick et dans les autres villes allemandes en dehors de l’Autriche, et là, hors de l’atteinte de Metternich, ils publiaient des livres et des pamphlets sur les affaires autrichiennes. Eux et leurs éditeurs en faisaient un commerce infernal. Toute l’Allemagne s’empressait de s’initier aux secrets de la Chine européenne ; et les Autrichiens eux-