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saient. L’introduction des machines à vapeur dans les manufactures a bouleversé en Autriche, comme elle la fait partout ailleurs, les anciennes relations et les conditions d’existence de classes entières de la société ; elle a transformé les serfs en hommes libres, les petits paysans en ouvriers de fabrique ; elle a sapé les anciennes corporations féodales et a privé un grand nombre d’entre elles de moyens d’existence. La nouvelle population, manufacturière et commerciale, entrait partout en conflit avec les anciennes institutions féodales. Les hommes des classes moyennes que leurs affaires forçaient de plus en plus à voyager à l’Étranger, rapportaient quelques connaissances mythiques sur les pays civilisés situés au-delà de la ligne des douanes impériales ; enfin l’introduction des chemins de fer accélérait en même temps le mouvement ; industriel et le mouvement politique. Il y avait de plus, dans l’organisation de l’État autrichien, une partie dangereuse : c’était la constitution féodale hongroise, avec ses procédés parlementaires et ses luttes de la masse appauvrie de la noblesse qui formait une opposition dirigée contre le Gouvernement et ses alliés, les magnats. Presburg, où siégeait la Diète, se trouvait aux portes mêmes de Vienne. Tous ces éléments contribuaient à créer, parmi les classes moyennes de cette ville, un état d’esprit qui n’était pas précisément de l’opposition, car l’opposition était impossible, mais du mécontentement, et un désir général de réformes, plutôt