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gereuse pour le pouvoir de ce monde, se dissimule sous une lutte plus sainte et en apparence plus désintéressée, dirigée contre le despotisme spirituel. Beaucoup de Gouvernements, qui ne toléreraient aucune discussion de leurs actes, hésiteront à faire des martyrs et à exciter le fanatisme religieux des masses. C’est ainsi qu’en Allemagne, en 1845, la religion catholique romaine, ou la religion protestante, ou toutes les deux en même temps, étaient considérées comme religions officielles et, dans chaque État, le clergé de l’une ou de l’autre de ces confessions, ou des deux à la fois, formait la partie essentielle de l’organisation bureaucratique du Gouvernement. Attaquer l’orthodoxie catholique ou protestante ou attaquer les intrigues du clergé signifiait, dans ces conditions, attaquer le Gouvernement lui-même. En ce qui concerne les catholiques allemands, leur existence même était une attaque contre les Gouvernements catholiques d’Allemagne, en particulier ceux de l’Autriche et de la Bavière, et c’est bien ainsi que ces Gouvernements l’entendaient. Les congrégationnalistes libres, les dissidents protestants, qui ressemblaient, jusqu’à un certain point, aux unitariens anglais et américains, manifestaient ouvertement leur opposition aux tendances cléricales et à l’orthodoxie rigide du roi de Prusse et de son favori, M. Eichhorn, ministre de l’Instruction et des Cultes. Les deux nouvelles sectes se sont étendues rapidement et ont