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monde des vivants. À la grandeur de Stieber, le prolétariat peut mesurer le progrès que le mouvement a accompli depuis le procès des communistes de Cologne.

L’infaillibilité du pape est une puérilité comparée à l’infaillibilité de la police politique. Après avoir mis sous clef, en Prusse, des dizaines de jeunes turbulents qui s’enflammaient trop pour l’unité allemande, l’Empire allemand, elle emprisonne aujourd’hui de vieilles têtes chauves qui refusent d’adorer ces présents de Dieu. Aujourd’hui elle s’efforce, avec tout aussi peu de succès, à éclaircir les rangs des ennemis de l’Empire, qu’elle le faisait autrefois pour ses amis. Quelle preuve plus frappante qu’elle n’est pas appelée à faire l’histoire, quand ce ne serait que l’histoire de la barbe de l’empereur !

Le procès des communistes de Cologne lui-même marque l’impuissance où est l’État de lutter contre l’évolution de la société.

Le procureur du roi de Prusse relevait à la charge des accusés d’avoir répandu secrètement les principes dangereux pour l’État contenus dans le manifeste communiste.

Et cependant, vingt ans plus tard, ces mêmes principes ne sont-ils pas publiquement propagés en pleine rue, en Allemagne ? N’ont-ils pas retenti à la tribune du Reichstag ? Est-ce que, sous la forme de Programme de l’Association internationale des travailleurs ils n’ont pas fait le tour du