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dans une très grande mesure, la raison en est dans l’ignorance presqu’absolue des questions politiques les plus ordinaires où le Gouvernement de Metternich avait réussi à la tenir.

Il n’est pas besoin d’autres explications pour comprendre pourquoi, sous un tel système, les connaissances politiques étaient le monopole presqu’exclusif des classes qui avaient les moyens de les faire entrer en contrebande ; elles étaient plus particulièrement familières à celles dont les intérêts se trouvaient le plus sérieusement lésés par l’état de choses existant, c’est-à-dire par les classes manufacturières et commerçantes. Aussi furent-elles les premières à se réunir en une masse pour agir contre un absolutisme plus ou moins déguisé, et c’est de leur entrée dans les rangs de l’opposition que doit dater le commencement du véritable mouvement révolutionnaire en Allemagne.

Le soulèvement, l’opposition de la bourgeoisie allemande, peut être placé en 1810, date de la mort du feu roi de Prusse, dernier survivant des fondateurs de la Sainte-Alliance de 1815. On savait que le nouveau roi n’était pas un soutien de la monarchie essentiellement bureaucratique et militaire de son père. Ce que la classe moyenne, en France, avait attendu de l’avènement de Louis XVI, la bourgeoisie allemande espérait, dans une certaine mesure, l’obtenir de Frédéric-Guillaume IV de Prusse. Tout le monde s’accordait à condamner l’ancien système, à le trouver vermoulu, à réclamer son