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censeur et permettait aux « jeunes hégéliens » de jouir d’une liberté de la presse, inconnue dans toute autre branche de la littérature.

L’opinion publique en Allemagne subissait manifestement un grand changement. Peu à peu la grande majorité de ceux à qui leur éducation et leur situation dans la vie permettaient d’acquérir, sous la monarchie absolue, quelques connaissances politiques et de se former quelque chose comme une opinion politique indépendante, se groupaient en une puissante phalange d’opposition contre le système existant. Et lorsqu’on porte un jugement sur la lenteur du développement politique de l’Allemagne, on ne doit pas manquer de prendre en considération combien il est difficile d’avoir des renseignements exacts sur quelque sujet que ce soit, dans un pays où toutes les sources d’information sont soumises au contrôle du Gouvernement, où nulle part, des écoles du village et des écoles du dimanche aux journaux et aux universités, rien n’était dit, pensé, imprimé ou publié qui n’en ait obtenu, au préalable, l’autorisation. Considérez Vienne, par exemple. Pour l’activité industrielle, la population de Vienne n’était probablement dépassée par aucune autre ville en Allemagne ; elle s’est montrée de beaucoup supérieure à toutes en esprit, en courage et en énergie révolutionnaire, et cependant elle a révélé plus de méconnaissance de ses intérêts réels et a commis pendant la Révolution plus de fautes que quiconque ;