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l’arrestation du témoin Bermbach, tandis que les témoins Hentze, Hœtzel, Steingens, dont la connivence avec la Ligue, dont la participation à ses travaux était constatée, restaient-ils tranquillement assis au banc des témoins ?

Bermbach avait reçu une lettre de Marx, qui ne contenait qu’une simple critique de l’arrestation et rien autre. Stieber l’accorda ; la lettre était en effet à la disposition des jurés. Mais il exprima le fait dans son style hyperbolique de policier : « Marx exerce constamment de Londres son influence sur le procès actuel. » Et les jurés se demandaient à eux-mêmes, comme Guizot à ses électeurs : « Est-ce que vous vous sentez corrompus ? » Pourquoi donc l’arrestation de Bermbach ? Le Gouvernement prussien, dès le début de l’instruction, cherchait à priver les accusés de leurs moyens de défense, par principe, systématiquement. Les avocats, comme ils le déclarèrent en audience publique, furent, au mépris de la loi, empêchés de communiquer avec les accusés, même après le dépôt de l’acte d’accusation. D’après sa propre déposition, Stieber était en possession des archives Dietz depuis le 5 août. Ces archives ne furent pas jointes à l’acte d’accusation. Ce ne fut que le 8 octobre qu’elles furent produites en pleine audience publique, mais produites dans la mesure où Stieber le jugea bon. Jurés, accusés et public devaient être surpris, les avocats attaquer la conviction de la police sans avoir d’armes à leur disposition.