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réorganisation de la Ligue était indispensable. Les circonstances interdisaient de nouveau, comme avant 1848, toute organisation publique du prolétariat. Il fallait, encore une fois, avoir recours à l’organisation secrète.

Dans l’automne de 1849, la plupart des membres des anciens Comités centraux et des Congrès se retrouvèrent à Londres. Il ne manquait que Schapper, en prison à Wiesbaden, mais qui ne tarda pas à arriver après son acquittement au printemps de 1850, et Moll qui, après avoir mené à bonne fin toute une série de missions et de voyages d’agitation des plus périlleux — dans les derniers temps il recrutait, dans les rangs de l’armée prussienne, dans la province rhénane, des canonniers montés pour l’artillerie du Palatinat — Moll qui, entré dans la compagnie ouvrière de Besançon du corps de Willich, fut tué d’un coup de fusil à la tête au combat de la Murg, devant le pont de Rothenfels. Par contre, Willich fit son apparition. Willich était un de ces communistes sentimentaux, si nombreux, depuis 1845, dans l’Allemagne occidentale. Aussi se trouvait-il dès l’abord en opposition instinctive, secrète, contre notre tendance critique. Mais il était encore davantage que cela : c’était un véritable prophète convaincu de sa mission de sauveur prédestiné du prolétariat allemand, et, comme tel, il ne prétendait à rien moins qu’à la dictature politique comme à la dictature militaire. Ainsi le communisme de