Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ployèrent à relier les débris épars de la Ligue et firent de Londres son siège. Ils virent se joindre à eux, s’ils ne l’avaient pas du moins déjà connu a Paris, Joseph Mall, horloger à Cologne. Ce dernier, hercule de taille moyenne — combien de fois Schapper et lui n’ont-ils pas défendu victorieusement la porte d’une salle contre des centaines d’adversaires qui voulaient la forcer — égalait ses deux camarades pour l’énergie et la décision, mais les dépassait au point de vue intellectuel. Non seulement c’était un diplomate né comme l’ont montré ses nombreuses missions, mais il était, de plus, plus accessible aux idées théoriques. Je fis leur connaissance à tous trois, en 1843, à Londres. C’étaient les premiers prolétaires révolutionnaires que je voyais.

Bien que, dans le détail, nos opinions fussent en divergence — j’opposais en effet, à leur communisme égalitaire[1] borné, une présomption philosophique qui ne l’était pas moins, — je n’oublierai jamais l’imposante impression que firent sur moi ces trois hommes, au vrai sens du mot, à une époque où je n’avais encore que la volonté de devenir un homme.

À Londres, de même qu’en Suisse, quoique dans une plus faible mesure, la liberté d’associa-

  1. Par communisme égalitaire, j’entends, comme je l’ai déjà dit, le communisme qui s’appuie exclusivement ou surtout sur la revendication de l’égalité (Note de F. Engels).