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Jusqu’à présent, nous n’avons qu’une source principale à laquelle nous puissions puiser pour une histoire d’ensemble de ce mouvement. C’est ce qu’on appelle le Livre noir : « Les conspirations communistes du xixe siècle », par Wermuth et Stieber, Berlin, deux parties, 1853 et 1854[1]. Cet amas de mensonges, rassemblé par deux des plus misérables mouchards de notre siècle, pitoyable recueil de faussetés préméditées, est la source première dont se servent aujourd’hui encore tous les écrivains non-communistes qui traitent de ce temps.

Ce que je puis apporter ici n’est qu’une esquisse et dans la mesure encore où la Ligue elle-même est en jeu. J’espère qu’il me sera donné encore de mettre en œuvre les riches matériaux que Marx et moi avons rassemblés pour servir à l’histoire de cette glorieuse jeunesse du mouvement ouvrier international.

La Société secrète des bannis, à tendances démocratiques et républicaines, fondée à Paris, en 1834, par des réfugiés allemands, vit se séparer d’elle, en 1836, les éléments les plus avancés, appartenant, pour la plupart, au prolétariat. Ceux-ci fondèrent une nouvelle Association secrète : la Ligue des Justes. La Société-mère, qui n’avait conservé que quelques vieux bonnets de

  1. Die Kommunistischen Verschwœrungen des 19. Jahrlunderts. Von Wermuth und Stieber. Berlin, 2 Theile, 1853 und 1854.