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la richesse, l’importance politique de la classe moyenne en Allemagne, s’accroissaient continuellement. Les Gouvernements étaient obligés, quoiqu’il contre-cœur de s’incliner au moins devant ses intérêts matériels les plus immédiats. On peut même dire avec raison que quelqu’avantage matériel avait compensé le peu d’influence politique que la classe moyenne possédait en vertu des constitutions des petits États, et qu’on lui avait de nouveau enlevée dans les périodes de réaction politique de 1815-1830 et 1832-1840. Toute défaite politique de la classe moyenne entraînait pour elle, comme conséquence, une victoire dans la sphère de la législation commerciale. Et certes, pour les commerçants et les manufacturiers d’Allemagne, le tarif protecteur prussien de 1818 et la constitution du Zollverein valaient bien mieux que le droit équivoque d’exprimer, au sein d’une Chambre d’un duché minuscule, leur manque de confiance à l’égard de ministres qui se riaient de leurs votes. L’accroissement de sa richesse, l’extension prise par le commerce porta le développement de la bourgeoisie à un point tel que ses intérêts les plus importants se voyaient entravés par la constitution du pays, par trente-six princes dont les tendances et les caprices se trouvaient en conflits, qui se partageaient le sol, par les entraves féodales qui pesaient sur l’agriculture et le commerce qui s’y rattache, par une bureaucratie ignorante et présomptueuse, qui soumettait toutes