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opérations juridiques les plus étranges. Imaginez qu’après huit mois de prévention faits par les prisonniers, l’instruction fut prolongée de quelques mois, car il n’y avait pas charge suffisante contre eux. Et lorsqu’enfin ils furent traduits devant le jury, aucun fait patent de haute trahison ne put être relevé contre eux, et cependant ils furent condamnés ; nous allons de suite voir comment.

Un des émissaires de la Société fut arrêté en mai 1851, et grâce aux documents trouvés sur lui, d’autres arrestations suivirent. Un officier de police prussien, un certain Stieber, reçut immédiatement l’ordre de suivre, à Londres, les ramifications du prétendu complot. Il réussit à obtenir quelques papiers concernant les schismatiques de la Société qui, après en avoir été expulsés, formaient une véritable conspiration à Paris et à Londres. Ces papiers avaient été obtenus à l’aide d’un double crime. Un certain Reuter fut corrompu dans le but de forcer le bureau de la Société et d’y voler les papiers. Mais ce n’était encore rien. Ce vol avait amené la découverte de ce qu’on a appelé le complot franco-allemand à Paris et la condamnation de ses participants. Mais cela ne donnait pas la clef de la grande association communiste. Le complot de Paris, soit dit en passant, était dirigé à Londres par quelques ambitieux imbéciles, par des « chevaliers d’industrie » de la politique et, à Paris, par un ancien faussaire condamné qui remplissait l’office de mouchard. Leurs dupes