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servateurs autrichiens votaient d’une façon inattendue et par plaisanterie avec la droite, faisant ainsi pencher la balance de l’autre côté. Ces soubresauts soudains avaient pour but de faire mépriser l’Assemblée, ce qui, d’ailleurs, était complètement inutile ; la masse du peuple était depuis longtemps convaincue du vide et de la futilité de tout ce qui venait de Francfort. Quelle fut la constitution élaborée pendant ces sautes de vent, on peut aisément se l’imaginer.

La gauche de l’Assemblée — l’élite et l’orgueil de l’Allemagne révolutionnaire, à ce qu’elle croyait elle-même — était complètement enivrée par les quelques mesquins succès obtenus de la bonne ou plutôt de la mauvaise volonté d’un certain nombre de politiciens autrichiens agissant à l’instigation et dans l’intérêt du despotisme autrichien. Lorsque quelque chose qui se rapprochait tant soit peu de leurs propres principes (pas très bien définis) se trouvait avoir obtenu, sous une forme homéopathiquement diluée, une sorte de sanction de l’Assemblée de Francfort, ces démocrates déclaraient avoir sauvé le pays et le peuple. Ces pauvres gens, à esprit faible, étaient si peu habitués, au cours de leur vie, généralement très obscure, à quelque chose qui ressemblât au succès, qu’ils croyaient maintenant que leurs piteux amendements, passés à deux ou trois voix de majorité, allaient changer la face de l’Europe. Dès le commencement de leur carrière législative ils avaient