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deux grands centres d’action de l’Allemagne — à Vienne et à Berlin — il ne restait que les États plus petits, où la lutte était encore indécise, quoique, là aussi, la balance penchât de plus en plus du côté opposé à l’intérêt révolutionnaire. Les petits États ont trouvé, comme nous l’avons dit, un centre commun dans l’Assemblée nationale de Francfort. Or cette Assemblée, qu’on appelait nationale, quoique son esprit réactionnaire fût à tel point évident que la population de Francfort, elle-même, se révolta contre elle les armes à la main, avait une origine plus ou moins révolutionnaire par sa nature même ; elle occupait, en janvier, une situation anormale et révolutionnaire ; sa compétence n’avait jamais été définie, et elle était, enfin, arrivée à décider — décision qui, cependant, n’a jamais été reconnue par les grands États, — que ses résolutions avaient force de loi. Dans ces circonstances et lorsque le parti des monarchistes constitutionnels vit ses positions prises par les absolutistes ressuscites, il ne faut pas s’étonner que la bourgeoisie libérale et monarchiste de presque toute l’ Allemagne ait placé toutes ses espérances dans la majorité de l’Assemblée ; de même, les petits boutiquiers, qui formaient le noyau du parti démocratique, se ralliaient, dans leur détresse croissante, autour de la minorité de cette même Assemblée, qui formait en effet la dernière phalange parlementaire compacte de la démocratie. D’un autre côté, les Gouvernements