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clairement à l’Europe que la lutte se livrait entre la masse ouvrière, d’une part, et toutes les autres classes de la population parisienne soutenues par l’armée, de l’autre ; lorsque le combat se poursuivit pendant plusieurs jours avec une exaspération sans égale dans l’histoire des guerres civiles modernes, mais sans avantage apparent d’un côté comme de l’autre, alors il apparut manifestement aux yeux de tout le monde que c’était la grande bataille décisive. Si l’insurrection était victorieuse, elle allait répandre sur tout le continent de nouvelles révolutions ; si elle était écrasée, elle allait amener, au moins momentanément, le retour du régime contre-révolutionnaire.

Les prolétaires de Paris furent vaincus, décimés, écrasés, de telle façon que, même jusqu’à présent, ils n’ont pas pu se remettre du coup qui leur a été porté. Et immédiatement après leur défaite, tous les conservateurs et les contre-révolutionnaires, vieux et jeunes, de toute l’Europe relevèrent la tête, avec une insolence qui montrait qu’ils avaient très bien compris toute l’importance de l’événement. Partout la presse était poursuivie, le droit de réunion et d’association entravé ; chaque petit événement qui se produisait dans une petite ville de province servait de prétexte pour désarmer le peuple, déclarer l’état de siège et forcer les troupes à s’exercer aux manœuvres et aux ruses que leur avait enseignées Cavaignac. De plus, pour la première