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La philosophie ne s’en cache pas. Elle fait sienne la profession de foi de Prométhée :


ἁπλῷ λόγῳ τοὺς πάντας ἐχθαίρω θεούς[1]. [Eschyle 975]


cette profession de foi est sa propre devise qu’elle oppose à tous les dieux du ciel et de la terre qui ne reconnaissent pas comme la divinité suprême la conscience de soi humaine. Cette conscience de soi ne souffre pas de rival.

Mais aux tristes sires qui jubilent au spectacle de l’apparente dégradation de la situation sociale de la philosophie, elle fait à son tour la réponse que Prométhée fit à Hermès, serviteur des dieux :


τῆς σῆς λατρείας τὴν ἐμὴν δυσπραξίαν,
σαφῶς ἐπίστασ’, οὐκ ἂν ἀλλάξαιμ’ ἐγώ.
Κρεῖσσον γὰρ οἶμαι τῇδε λατρεύειν πέτρᾳ
ἢ πατρὶ φῦναι Ζηνὶ πιστὸν ἄγγελον.
[2]. [Esch. 966]


Dans le calendrier philosophique, Prométhée occupe le premier rang parmi les saints et les martyrs.


Berlin, mars 1841.

  1. . En un mot, j’ai de la haine pour tous les dieux. [Prométhée enchaîné.]
  2. . Sache que je ne changerais pas ma misère contre ton esclavage. J’aime mieux être lié à ce roc que d’être le messager fidèle de Zeus, ton père ! [Ibid., V, 966-970.]