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nomie bourgeoise possèdent une vérité pour toutes les autres formes de société, cela ne doit être pris que cum grano salis. Elles peuvent les contenir développées, étiolées, caricaturées, mais toujours essentiellement différentes. La soi-disant évolution historique repose en général sur le fait que la dernière forme considère les formes passées comme des degrés qui conduisent à elle-même, étant rarement et seulement dans des conditions tout à fait déterminées, capable de se critiquer soi-même — il n’est naturellement pas question ici de ces périodes historiques qui se dévoilent à elles-mêmes comme des temps de décadence. La religion chrétienne n’a pu aider à faire comprendre d’une manière objective les mythologies antérieures que lorsque sa critique de soi fut, jusqu’à un certain point, dynamei, pour ainsi dire, achevée. C’est ainsi que l’économie bourgeoise parvint seulement à l’intelligence de la société féodale, antique, orientale, quand la société bourgeoise commença à se critiquer soi-même. Pour autant que l’économie bourgeoise ne donna pas dans la mythologie et ne s’identifia pas simplement avec le passé, sa critique de la [société] antérieure, notamment de la féodale, avec laquelle elle avait encore à lutter directement, ressembla à la critique que le christianisme exerça sur le paganisme, ou encore le protestantisme sur le catholicisme.

Quand on étudie la marche des catégories économiques, et, en général, toute science sociale historique, il importe toujours de retenir que le sujet — ici la société bourgeoise moderne — est donné dans la menta-