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duisant dans des conditions déterminées et aussi un certain genre de familles, ou de communautés, ou d’États. Elle ne peut jamais exister autrement que comme rapport unilatéral-abstrait d’un tout concret et vivant déjà donné.

Comme catégorie, au contraire, la valeur d’échange mène une existence antédiluvienne. Pour la conscience — et la conscience philosophique est ainsi déterminée que, pour elle, la pensée qui conçoit est l’homme réel et le monde conçu est comme tel le seul monde réel — pour la conscience donc, le mouvement des catégories apparaît comme le véritable acte de production — qui ne reçoit qu’une impulsion du dehors — dont le résultat est le monde, et cela est exact en ceci (mais ici nous avons de nouveau une tautologie) que la totalité concrète, comme totalité de pensée, comme un concrétum de pensée, est en fait un produit du penser, du concevoir ; elle n’est nullement le produit du concept qui s’engendre lui-même et qui conçoit en dehors et au-dessus de la perception et de la représentation, mais elle est l’élaboration de la perception et de la représentation en concepts. Le tout, tel qu’il apparaît dans la tête comme un tout mental, est un produit du cerveau pensant qui s’approprie le monde de la seule manière qu’il lui soit possible de le faire, manière qui diffère de la manière artistique, religieuse et pratique de se l’approprier. Le sujet concret demeure debout après comme avant dans son indépendance en dehors du cerveau — aussi longtemps, c’est-à-dire, que le cerveau ne se comporte que spéculativement, théoriquement. Dans la