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quote de la masse totale des marchandises, s’échange contre une partie aliquote correspondante de la masse d’or. Le mouvement évolutif des marchandises qui a sa source dans l’antinomie contenue en elles de valeur d’échange et de valeur d’usage, qui apparait dans le cours de la monnaie et se cristallise dans les différentes formes déterminées de celle-ci, est donc éteint et à sa place apparaît l’égalisation mécanique imaginaire entre la masse de poids des métaux précieux existant dans un pays et la masse des marchandises qui s’y trouve en même temps.

Sir James Steuart commence son examen du numéraire et de l’argent par une critique circonstanciée de Hume et de Montesquieu[1]. C’est lui, en effet, le premier, qui pose la question : la quantité de l’argent circulant est-elle déterminée par les prix des marchandises ou bien les prix des marchandises sont-ils déterminés par la quantité de l’argent circulant ? Quoique son exposé soit obscurci par une conception fantastique de la mesure des valeurs, par une représentation flottante de la valeur d’échange en général et par des ressouvenirs du système mercantile, il découvre les formes déterminées essentielles de l’argent ainsi que les lois générales de sa circulation, parce qu’il ne place pas mécaniquement les marchandises d’un côté et l’argent de l’autre, mais déduit effectivement les

  1. Steuart, l. c., t. I, p. 399 seq.