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épices des Indes occidentales ; tout cela n’est pas pour nous un besoin absolu et néanmoins on achète ces objets avec de l’or solide[1]. » Sous la forme d’or et d’argent la richesse est impérissable, tant parce que la valeur d’échange existe dans l’indestructible métal que notamment parce qu’on empêche l’or de prendre, comme moyen de circulation, la forme monnaie purement fugitive de la marchandise. Le contenu périssable est sacrifié ainsi à la forme impérissable. « Si l’impôt ôte l’argent à qui le dépense à boire et à manger et le donne à qui l’emploie à l’amélioration de la terre, à la pêche, aux travaux des mines, aux manufactures, ou même à qui le dépense en vêtements, il en résulte toujours un avantage pour la communauté, car les vêtements sont moins périssables que les aliments et les boissons. Si l’argent est dépensé en meubles, l’avantage est d’autant plus grand, plus grand encore s’il l’est à bâtir des maisons, et le plus grand si l’on introduit de l’or et de l’argent dans le pays, parce que, seules ces choses ne sont pas périssables, mais sont estimées comme richesses en tout temps et en tous lieux, tout le reste n’est que richesse pro hic et nunc[2] ». Par l’enfouissement de l’argent, arraché au courant de la circulation et préservé de l’échange social de la matière, il s’établit entre la richesse

  1. L. c., p. 11-13, passim.
  2. Petty, Political Arith., l. c., p. 196.