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la masse du numéraire qui circule varient toujours et apparaissent tantôt sous une forme, tantôt sous une autre. La première métamorphose du moyen de circulation en argent ne représente donc qu’un moment technique du cours monétaire lui-même[1].

La forme primitive de la richesse est celle du superflu ou de l’excédent, la partie des produits qui n’est pas immédiatement requise comme valeur d’usage, ou bien encore la possession de produits dont la valeur d’usage dépasse le cadre du simple nécessaire. Nous avons vu en considérant la transition de la marchandise à l’argent que ce superflu ou excédent des produits constitue, à un stade peu développé de la production, la sphère proprement dite de l’échange des marchandises. Les produits superflus deviennent des produits échangeables ou des marchandises. La forme d’existence adéquate de ce superflu est l’or et l’argent ; c’est la première forme sous laquelle la richesse est fixée comme richesse sociale abstraite. Les mar-

  1. Boisguillebert flaire dans la première immobilisation du perpetuum mobile, c’est-à-dire dans la négation de son existence fonctionnelle comme moyen de circulation, son existence indépendante vis-à-vis des marchandises. « L’argent, dit-il, doit être dans un mouvement continuel, ce qui ne peut être que tant qu’il est meuble, mais sitôt qu’il devient immeuble tout est perdu ». Le Détail de la France, p. 231. Il ne remarque pas que cet arrêt est la condition de son mouvement. Ce qu’il veut en réalité, c’est que la forme valeur des marchandises apparaisse comme forme purement évanescente de leur échange de matière, sans se fixer jamais comme but en soi.