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propre valeur) n’avait pas été déprécié[1]. Steuart pensait qu’avec le développement commercial futur, la nation se montrerait plus maligne. Il faisait erreur. Environ 120 ans après le même quid proquo se renouvela.

Il était dans l’ordre que l’évêque Berkeley, le représentant d’un idéalisme mystique dans la philosophie anglaise, donnât une tournure théorique à la doctrine de l’unité de mesure idéale de l’argent, ce qu’avait négligé de faire le pratique secretary to the treasury. Il demande : Est-ce que les noms livre, pound sterling, crown, etc., ne doivent pas être considérés comme de simples noms de

    la valeur de l’argent, mais du poids moindre des monnaies d’argent. » 77 shillings rognés ne pèseraient pas un grain de plus que 62 shillings de poids fort. Enfin, il faisait valoir avec raison qu’abstraction faite de la perte de poids de la monnaie circulante, le prix de marché de l’argent brut en Angleterre pouvait s’élever quelque peu au-dessus du prix monétaire parce que l’exportation de l’argent brut était permise et celle de la monnaie d’argent était prohibée (Cf. l. c. pp. 54-116, passim). Locke se gardait bien d’aborder la question brûlante des dettes publiques, de même qu’il évitait soigneusement de discuter le trop délicat point économique. Ce point était celui-ci : le cours du change aussi bien que le rapport de l’argent brut à l’argent monnayé démontraient que la monnaie circulante était loin d’être dépréciée en proportion de sa perte d’argent réelle. Nous reviendrons à cette question sous sa forme générale dans la section des Moyens de circulation. Nicolas Barbon, dans : A discourse concerning coining the money lighter in answer to M. Locke’s considerations, etc., London, 1696, fit des tentatives inutiles pour attirer Locke sur un terrain épineux.

  1. Steuart, l. c., t. II, p. 154