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Le fiacre s’arrêta à la porte du théâtre. M. Grillé monta avec peine l’escalier puant.

Lorsqu’il revit les mansardes où le jour pénétrait mal, lorsqu’il reprit contact avec la misère, son désespoir s’accrut. Il essaya de sourire aux siens, il fit un effort pour se persuader que la musique lui viendrait en aide pour oublier son malheur. Mais, ce fut en vain.

Il arrivait d’une contrée fortunée ; son réveil était trop brusque dans le taudis dont il avait, sans s’en apercevoir, perdu l’habitude. Toute la dérision de ses souvenirs éparpillés lui sauta aux yeux dans sa réalité triste.

L’orchestre de grenouilles lui fit l’effet d’une chose hideuse et repoussante.

Quand il regarda Beethoven, il se dit que ce grand poète avait beaucoup souffert, mais qu’il avait eu la consolation de savoir qu’il était Beethoven… « Tandis que moi, pensait le pauvre homme, je ne suis rien,… je n’ai pas assez ap-