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LE MUSICIEN DE PROVINCE

montées de petits dômes élégants du xvie siècle, s’harmonisaient avec la nature voluptueuse et semblaient à deux pas de là, comme si la distance avait été calculée pour qu’elles fissent partie du décor.

L’accueil de Mme Muret fut parfait. Elle répéta plusieurs fois : « Je suis heureuse, je suis très heureuse, monsieur Grillé, vous allez bien vous reposer, je suis très heureuse !… »

M. Grillé s’inclinait profondément : « Madame, répondait-il, je suis confus de vos bontés ! »

La négresse avait environ trente ans, elle était de taille moyenne, sans autre originalité que sa noirceur. Ses gestes aisés étaient ceux d’une femme comme il faut et soulignés par un visage sérieux.

En disant : « Je suis très heureuse », elle ne souriait pas, semblait plutôt pénétrée de compassion qu’enjouée.

Très simplement vêtue, elle portait une matinée jaune avec des dentelles noires ; à son poignet droit brillait un épais bracelet d’or.

M. Grillé, favorablement impressionné, se retira après le repas de midi dans la chambre qui lui avait été réservée.

C’était une des plus agréables de la maison. La fenêtre donnait sur la vallée. M. Grillé s’en approcha ; son émotion s’apaisait. Plus maître de lui, il se vit tel qu’un de ces fortunés dont