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LE MUSICIEN DE PROVINCE

Après quelques jours de pérégrinations, Celine vint frapper à la porte du bonhomme et lui fit la proposition de ce qui lui paraissait être une excellente aubaine.

— « Connaissez-vous, dit Celine, une dame Muret ? — Non… C’est une femme très aimable qui n’a que le défaut d’être née à Dakar de parents africains. C’est une négresse. Elle possède une jolie fortune et une propriété sur la route de Prinché à Turturelle, avec une vue merveilleuse sur la Loire. En somme, ce n’est pas loin d’ici, l’air y est très pur. Mme Muret aime beaucoup les artistes. Elle chante un peu. En l’accompagnant au piano et en lui faisant de la musique, vous aurez payé largement, comme elle l’entend, une hospitalité qu’elle est heureuse de vous offrir pendant un mois ou deux. »

Le père Grillé se confondit en remerciements, ajoutant qu’il serait tout à la disposition de cette aimable dame pour jouer du piano et, si elle le désirait, lui donner des leçons de chant. Il dit sa reconnaissance toute particulière pour M. Celine.

Une lettre de Mme Muret confirma l’invitation :

« Venez, cher monsieur, écrivait-elle, j’adore les artistes et vous serez reçu comme doit l’être un artiste.

Je regrette que ma maison ne soit pas assez spacieuse pour me permettre de vous recevoir