Page:Martineau - Le musicien de province, 1922.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VII


Un an environ après ces événements, M. Grillé eut une première attaque. Rentrant chez lui, un matin, vers onze heures, il ne put gravir son escalier, s’assit sur une marche après avoir posé auprès de lui sa boîte à violon. Un voisin l’avait trouvé là suffoquant.

On s’empressa. Des secours immédiats arrêtèrent les progrès du mal dont l’inquiétude était la cause principale. Le médecin ordonna le repos et les promenades au grand air. Mais M. Grillé n’avait guère le temps de se reposer ni le moyen de recommencer les frais de voiture.

Octave Celine, qui avait des relations dans tous les mondes, raconta çà et là les malheurs de son vieux collaborateur. Tout en étant peu scrupuleux et pas du tout débrouillard, Celine avait de la bonté, de cette bonté particulière aux poètes ; c’est-à-dire qu’un être obscur l’eût laissé indifférent, tandis que M. Grillé était, pour Celine, un génie malheureux.