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LE MUSICIEN DE PROVINCE

Puis ce furent les répétitions et enfin la première.

On a décrit cent fois la misère de ces soirées dans des salles trop petites et bondées de monde, devant une scène mal éclairée et des décors hideux.

La première de Mandarinette réunissait tous les éléments d’insuccès possibles.

Si le théâtre bien fait peut être joué par des acteurs médiocres et si de bons comédiens peuvent à la rigueur sauver une mauvaise pièce, il reste absolu qu’une œuvre dramatique exécrable, jouée par des cabotins sans talent, est assurée d’une chute totale. La plus charmante musique du monde ne pourra compenser toutes ces insuffisances ; car, mal présentée et mal chantée, on ne l’écoutera pas.

C’est ainsi qu’il en fut de la partition de Mandarinette.

Le public se composait de voyageurs de commerce venus à l’Eldo pour y passer quelques instants et de jeunes gens de la ville, allant et venant, indifférents au spectacle, essayant de se faire un passage à travers la foule épaisse, pour gagner la porte.

Aux secondes, des voyous s’entassaient, avides de scandale, criant et sifflant.

L’orchestre — un piano, deux violons, un trombone et un tambour — était celui d’un bastringue.