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LE MUSICIEN DE PROVINCE

enthousiasme ; ses réalisations étaient pauvres. Et puis, je l’avoue, la gravité ecclésiastique me causait de l’ennui.

Les allées et venues entre Turturelle et la Roche-Coudre furent l’occasion de la rencontre de M. Grillé et de l’abbé.

Celui-ci était un grand bonhomme, assez distingué, de tenue parfaite. À part le grain de vanité qui le faisait se croire un musicien de premier ordre, il n’avait pas de défauts apparents.

Un visage ingrat, aux traits effacés, avec deux yeux ronds et ternes, des cheveux ridiculement frisés et une voix blanche augmentaient l’allure innocente que lui donnaient d’avance sa démarche d’échassier et sa soutane.

Susceptible, il s’emportait quelquefois, mais sans grossièreté, sans compromettre jamais sa dignité ni se départir du ton d’un homme bien élevé.

Prêtre pieux, on lui avait confié une cure où un paysan finaud eût mieux convenu que lui. Il s’y considéra longtemps comme une victime et comme un exilé, mais s’y acclimata à la longue, grâce à sa patience et au bon sens de ses paroissiens qui, lorsqu’il les quitta, l’ont sincèrement regretté.

L’abbé Renard organisait à son église des messes en musique.

Lorsqu’un autre prêtre le pouvait remplacer