Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle n’avait pas l’air d’une voleuse ; et il éprouvait un immense soulagement à ne plus être seul. Il voulut dire : « Merci, Madame » ; mais il se tut et la suivit.

Bientôt, devant une porte basse, elle sonna. On n’ouvrit pas tout de suite. Le couloir sentait la lessive. Il buta contre des marches.

— « J’ai l’habitude », dit-elle, « donne la main. »

Celle de la dame était gantée et tiède. Il se laissa conduire. L’escalier aussi était tiède. Daniel était heureux de ne plus être dehors. Ils montèrent deux ou trois étages, puis elle tira sa clef, ouvrit une porte et alluma une lampe. Il aperçut une chambre en désordre, un lit défait. Il restait debout, clignant des yeux dans la lumière, épuisé, dormant presque. Sans même enlever son chapeau, elle avait tiré du lit un matelas qu’elle tramait dans l’autre pièce. Elle se retourna et se mit à rire :

— « Il tombe de sommeil… Allons, déchausse-toi, au moins ! »

Il obéit, les mains molles. Le projet de retourner, le lendemain matin, à cinq heures précises, à la buvette de la gare, avec l’espoir