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« As-tu travaillé pendant les vacances ? » questionnait Daniel sur le haut d’une page. Et Jacques avait répondu :


« J’ai achevé, dans le genre de mon Harmodius et Aristogiton, un poème, qui commence d’une façon assez chic :

« Ave Cæsar ! Voici la Gauloise aux yeux bleus…
« Pour toi, la danse aimée de sa patrie perdue !
« Comme un lotus des fleuves sous le vol neigeux des cygnes,
« Sa taille ploie dans un frisson…
« Empereur !… Ses lourdes épées étincellent…
« Vois ! C’est une danse de son pays !… »

Etc… etc… Et qui se termine ainsi :

« — Mais tu pâlis, Cæsar ! Hélas ! Trois fois hélas !
« À sa gorge a mordu la pointe des épées !
« La coupe échappe… Ses yeux sont clos…
« La voici toute ensanglantée
« La danse nue des soirs baignés de lune !

« Devant le grand feu clair qui palpite au bord du lac,
« Voici la danse terminée,
« De la Guerrière blonde au festin de Cæsar !

« J’appelle ça L’Offrande Pourpre, et j’ai une danse mimée qui va avec. Je voudrais la dédier à la divine Loïe Fuller, pour qu’elle