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Elles et lui de Gyp, mais je lirai Werther avant.

« D. »


Jacques lui avait envoyé ces lignes sévères :


« Pour la quatorzième année de mon ami :

« Il y a dans l’univers un homme qui, le jour, souffre des tourments indicibles, et qui, la nuit, ne peut dormir ; qui sent dans son cœur un vide affreux que n’a pu remplir la volupté ; dans sa tête, un bouillonnement de toutes ses facultés ; qui, au milieu des plaisirs, parmi tous les gais convives, sent tout à coup la solitude aux ailes sombres planer sur son cœur ; il y a dans l’univers un homme qui n’espère rien, qui ne craint rien, qui déteste la vie et na pas la force de la quitter : cet homme, c’est CELUI QUI NE CROIT PAS EN DIEU !!!

« P.-S. Garde ceci. Tu le reliras quand tu seras ravagé et que tu clameras en vain dans les ténèbres.

« J. »