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que les Minnesingers traduisirent les épopées chevaleresques et autres poèmes de la France, tels que la Guerre de Troie et la Bataille de Roncevaux, L’Enéide de Henri de Veldeck n’est encore que la traduction d’une libre version française. Dans cette reconnaissance de l’ancienne parenté qui unit la poésie des deux peuples, M. Maurice Haupt prépare depuis dix ans un recueil des vieilles chansons populaires de la France, qui ne tardera pas à paraître, et dont le classement méthodique m’a frappé. Le recueil est divisé en trois parties, dont la première contient les chants religieux ; la seconde les chants relatifs à des faits historiques, et la troisième, les chants d’amour, des vaudevilles et des romances. L’ouvrage, précédé d’une introduction sur l’origine et les destinées de la chanson en France, se termine par des remarques historiques et philosophiques, dont le talent de M. Maurice Haupt autorise à beaucoup espérer.

De Leipzig, où j’étais venu par la voie de fer, le chemin de fer me conduisit à Dresde. S’il entrait dans ma mission de parler des beaux-arts, j’aurais ici l’occasion de vous soumettre un long chapitre admiratif. Dresde est une ville d’enchantement ; ses collections de tableaux et de statues sont peut-être plus riches, incontestablement plus complètes que celles de Munich. Si Munich a presque mérité d’être appelée l’Athènes du Nord, je donnerais plus volontiers ce nom à Dresde. Ici la population est plus vive, plus active, plus naturellement douée du sens artiste ; Munich n’est qu’une improvisation de l’imagination poétique du roi Louis. Mais Dresde ne doit être qu’un épisode de fantaisie dans mon voyage.