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une nouvelle pièce, car alors tu te trouverais complètement renouvelé. » Voilà de ces réflexions qui feraient à la fois rire et pleurer, et qui ne jaillissent que des cœurs simples. L’idée du dernier rappel est également heureuse. Elle a pu faire naître, depuis, celle de la Dernière revue passée, à l’heure de minuit, par le César défunt, sujet fantastiquement épique, qui a inspiré de beaux vers à Zedlitz et un bon dessin à notre Raflet.

Mais ce qui précède n’est que peloter avant partie, pétarades de petite guerre avant la bataille. Le moment est venu de nous préparer au vrai combat et d’entonner des chants plus mâles. J’ai dit plus haut que, lorsque la guerre se présente à lui comme un devoir, l’Allemand s’élève à la hauteur de tous les héroïsmes. J’en trouve la preuve, la trace encore brûlante, dans une série de dithyrambes composés par Théodore Kœrner. Il s’agissait alors de l’accomplissement du plus sacré des devoirs, de la délivrance du sol natal. Le poète commencera donc par une invocation à la patrie :


Ma patrie

Où est la patrie du chanteur ?
— Là où un noble génie étincelait,
Où des couronnes fleurissaient pour le beau,
Où des cœurs forts brûlaient
Enflammés pour toute chose sainte.
C’est là qu’était ma patrie.

Comment se nomme la patrie du chanteur ?
— Maintenant, sur les cadavres de ses fils,
Maintenant elle pleure sous la verge de l’étranger ;