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CHAPITRE 2



LES CHANTS DE CHASSE


Les chants de chasse préludent, comme il convient, par une invocation à saint Hubert, sur l’autel de qui lièvres et chevreuils se garderont bien de venir déposer un cierge. Dans le recueil que j’ai sous les yeux, un chasseur est pieusement agenouillé devant la chapelle du Nemrod catholique. Son cheval broute, à quelques pas de là, les jeunes pousses d’un frêne. Aux pieds du maître, vêtu dans le goût du moyen âge, le long coutelas et le cornet suspendu au flanc gauche, gît sur l’herbe la toque de velours surmontée des deux plumes traditionnelles. Le noble seigneur, car en Allemagne plus qu’ailleurs la chasse est demeurée un plaisir féodal, implore la protection du patron des destructeurs de gibier. À le voir ainsi dévotement incliné, les traits éclairés des rayons d’une douce ferveur, on a peine à comprendre qu’il réclame l’assistance du saint dans une entreprise cruelle. Je suis vraiment curieux de savoir dans quels termes peut être formulée une semblable prière. Dit-il : « Ô bon saint Hubert ! aidez--