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l’âme éprise de l’idéal rêveur, mais qu’entraîne invinciblement l’aimant attractif de l’action. Et telle est aussi sa poétique : des faits, des actes, de la vie ! et que les rêves eux-mêmes s’incorporent au plus tôt dans la vie !

Nous avions laissé M. Wolfgang Müller à Dusseldorf ; nous le retrouvons à Cologne, où il a épousé en 1847 une fille du célèbre banquier Schnitzler. Il faut aller en Allemagne pour voir ainsi des filles de banquiers tendre avec orgueil la main aux poètes.

Cologne, ville de marchands, de prêtres et de rabbins ! ville des trois cents clochers et des quatre tours, veillant, comme autant de sentinelles, aux quatre coins du long échiquier de ces vieilles murailles ! Alexandrie bavarde, mercantile et boueuse de l’Occident ! Babel de toutes les langues et de toutes les confessions ! peuple dont la tête est protestante, le cœur juif et les bras catholiques, pour s’étendre en croix, devant des reliques douteuses, sur la froide pierre de ses églises ! peuple dont l’esprit n’a pas la limpidité naïve de ses frères du Rhin, comme aussi ce beau fleuve roule ici des flots moins majestueux et plus troubles. À mesure qu’on descend vers la Hollande et vers la patrie de Grétry, la wallonne cité de Liège, ce caractère d’abâtardissement devient plus sensible ; c’est ainsi qu’Aix-la-Chapelle, cette Mecke des professeurs d’histoire, des pèlerins catholiques et des goutteux, est une ville triste et sombre, une ville de spleen. Pour poétiser un peu son visage de veuve, il faut se hâter de dire qu’elle porte éternellement le deuil de Charlemagne.

Certes, pour un desservant de la muse, il était plus séduisant d’habiter Dusseldorf ; mais Wolfgang Müller devait trouver à Cologne, comme on vient de le voir,