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trique. L’exaltation semblait gagner les têtes et les cœurs les plus secs ; comment n’aurait-elle pas fait bouillir le généreux sang qui bat si fortement parfois dans la tempe des poètes ? La politique, qui entraînait plus ou moins tout le monde, entraîna Kinkel. Enivré d’enthousiasme et d’éloquence, il se jette tout entier dans le mouvement révolutionnaire ; il ouvre un club d’ouvriers auxquels il crie : Sauvez-vous ! Il fonde un journal démocratico-socialiste qu’il baptise de ce titre expressif : le Spartacus. L’un des plus ardents chefs du parti républicain dans les provinces rhénanes, il s’associe coup sur coup à la prise à main armée de l’arsenal royal de Siegbourg et au soulèvement du grand-duché de Bade, où il est fait prisonnier par les troupes prussiennes. Condamné à la détention perpétuelle, il est renfermé dans la forteresse de Spandau, d’où jusqu’alors toute évasion avait été jugée impossible. Kinkel parvint pourtant à s’en échapper, au grand déshonneur de la forteresse de Spandau, qui perdait ainsi sa virginité, et grâce au dévouement et à l’habileté, si prodigieuse qu’elle est demeurée une énigme, de son ancien élève et ami, Charles Schurz. Kinkel passa d’abord en Amérique, puis il revint en Europe, et il habite depuis plusieurs années l’Angleterre, oh, sans oublier qu’il est et doit rester avant tout un poète, il demande à l’enseignement les ressources nécessaires à l’entretien d’une famille déjà nombreuse. Hâtons-nous d’ajouter que ces ressources ne lui ont jamais fait défaut, grâce à la rare énergie et aux remarquables talents de sa femme aussi bien que de lui-même.

Ceux qui seraient curieux de connaître plus en dé-