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Enfin, si nous remontons vers la Suisse, nous pourrons nous faire chanter par les pâtres quelque naïve et pieuse tradition du genre de celle-ci :


l’hostie

Un fou — c’était un fou plutôt qu’un criminel, —
Ravit le saint ciboire exposé sur l’autel,

Il court vers la montagne, et, debout sur la cime,
L’œil en feu, le renverse au-dessus de l’abîme.

Du saint vase une hostie au céleste rayon
S’échappe, et dans l’air bleu, comme un blanc papillon,

Flotte légèrement, puis sur un lis de neige,
Où mille abeilles d’or lui forment un cortège.

Va tomber et repose. — Ô miracle ! l’essaim
Se concerte aussitôt dans un sacré dessein :

Pour abriter l’hostie, aussitôt les abeilles,
Des plus doux sucs puisés aux fleurs les plus merveilles,

Bâtissent alentour leurs rayons odorants,
Et Dieu luit à travers les prismes transparents ;

Et, le soir, maint berger, qui de ces monts est l’hôte,
Croit qu’une vive étoile est tombée à mi-côte.

Dès l’aube, vers ce point chacun se dirigeant,
Voit l’auréole d’or sur un beau lis d’argent.

Et le pâtre, non moins pieux que les abeilles,
Bâtit une chapelle à ces saintes merveilles.


Il est temps d’arriver, après tous ces détours, aux Poètes de la vallée du Rhin. Il est temps d’en parler plus particulièrement et de les laisser parler. Nous