La vive et nette esquisse du vieil abbé, esquissé qui réclamait l’encadrement de la rime, est due à C. Reinhold, un philosophe critique et naturaliste, émule et contemporain des Kant, des Fichte, des Hégel et des Schelling ; mais il y a de la poésie en Allemagne jusque sous les couches les plus profondes de la métaphysique et de l’abstraction.
Dans le cloitre en ruine erre le vieil abbé :
Que cherche-t-il ainsi, sur son bâton courbé ?
À ces marbres portant l’empreinte des sandales,
Que demandent ses yeux scrutant toutes les dalles ?
Hélas ! il reste seul dans ces murs dédaignés,
Et compte les tombeaux sous la voûte alignés.
Hélas ! et c’est en vain que, pour sa propre tombe,
Il y cherche une place ! Et pourtant il succombe
Sous le fardeau croissant de ses jours, de son deuil…
Le cloitre enfin s’écroule… et voilà son cercueil.
Redescendons vers Aix-la-Chapelle, et, dans le palais de Charlemagne, Karl Simrock, dont toutes ces légendes sont en quelque sorte le domaine patrimonial, nous fera assister à deux scènes animées du temps de Louis-le-Débonnaire et de celui de l’empereur Frédéric III. La couleur historique et locale est ici l’un des mérites indispensables du peintre, qu’un certain tour de bonhomie railleuse suffirait d’ailleurs à faire reconnaître. Il nous montre d’abord le fils indolent de Charlemagne et d’Hildegarde au moment