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amers, puis fuite nouvelle, pour né pas compromettre de chères existences, fuite, hélas ! aussi prompte, aussi furtive qu’avait été le retour, mais que ne soutient plus cette fois l’espoir d’embrasser bientôt ceux qu’on aime, tels sont les sujets pour lesquels le poète a réservé toutes les délicatesses et tous les prestiges de sa pensée et de son talent. À mon sens, jamais M. Maurice Hartmann ne s’était élevé si haut, et, je ne crains pas de me tromper en le disant, si l’avenir, ce que je redoute peu, devait oublier une grande partie de ses œuvres, ces pages au moins, ces pages sacrées resteront. Il faudrait les traduire en entier. Je dois me borner à quelques strophes.


Dans la patrie

Sous le scintillement de la rosée matinale, la terre brillait d’une limpide clarté ; j’étais assis devant la maison de ma mère, et j’attendais seul ainsi sur le seuil.

Les fenêtres étaient encore fermées, fermées toutes les portes, et mes larmes coulaient, coulaient si fort et avec tant de douceur !

Je ne voulais pas précipiter son réveil, je ne voulais pas la tirer de ce précieux oubli de ses peines, elle qui si souvent, à cause de moi, passa de longues nuits à pleurer.

On dit que le sommeil matinal donne des forces pour les fatigues et pour les soucis du jour : — qu’il lui donne cette fois des forces pour supporter le bonheur !

Et, tremblant d’émotion, j’appliquai mes lèvres brûlantes sur le pas de la porte : nul doute, en effet, qu’hier encore son pied n’ait foulé cette pierre !

C’est sur ce même seuil que se tiennent les affligés et les indigents, qui reprennent espoir dès qu’ils peuvent tourner leurs regards vers son front serein et compatissant.