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miel. De même, tu projettes de parcourir et de remplir de toi le monde entier ; mais voilà qu’une chanson d’amour résonne, et tu reviens, n’ayant plus d’autre souci, d’autre besoin que d’aimer.


Est-il nécessaire d’en dire davantage sur l’amour, et qu’en pourrait-on dire de plus concluant ?

Traduisons maintenant une poésie consacrée à l’enfance :


le retour

Je marchais vers la rive, le cœur gonflé de désir : c’est la mer, la mer que je vais revoir.

Après une longue séparation, je reviens enfin et je vais la revoir, la mer, la mer !

J’arrivai sur le bord ; dans le sable était assis un enfant. Il jouait avec les coquillages, et dans ses cheveux se jouait le vent.

Une tête bouclée, un visage gracieux, couronné, éclairé des doux rayons du couchant !

Un enfant qui joue ! c’est une image non rapetissée de la grande mer, où le couchant allume ses lueurs.

Je contemplai ce spectacle, et malgré ma longue et pénible séparation, j’oubliai la mer.

Je restai là à le contempler, jusqu’à ce que soleil, mer, terre et dernières splendeurs du couchant eussent disparu dans la nuit.


Les pièces courtes, vives, scintillantes, les pièces-colibri sont en grand nombre dans ce recueil, et M. Hartmann sait leur donner une forme accomplie. De semblables perles font le désespoir des traducteurs, surtout des traducteurs français. Il n’en est pas de même en Allemagne, et M. Hartmann le prouve en fai-