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ques allemands du dix-neuvième siècle, à l’imitation de leurs prédécesseurs du treizième, en fouillant le sol des traditions et des légendes, en demandant aux chants populaires, si pieusement conservés dans toutes les mémoires, si chaudement répétés en chœur par toutes les bouches, la note émue, la joie, le deuil, le désir, le regret, de chaque âge, de chaque profession, de chaque destinée individuelle et diverse.

Avant d’examiner les œuvres de ces modernes chanteurs (j’allais écrire enchanteurs), il ne sera donc pas sans intérêt d’entrer ici dans quelques développements au sujet des chants populaires de l’Allemagne, miroir fidèle et mobile d’une nation consciencieuse et sérieuse dans ses plaisirs comme dans ses chagrins, dans sa piété comme dans son rationalisme incrédule, dans sa soumission comme dans sa révolte. La charmante petite fleur bleue du souvenir et de la sincérité, le vergiss-mein-nicht, n’a pas cessé d’être le symbole, un peu idéalisé, de l’Allemagne.

J’ai sous les yeux un recueil, illustré avec beaucoup de verve et de fantaisie, où trois grandes phases de la vie ont servi de thème à des lieder qu’on pourrait se dispenser de reproduire par l’impression, tant la mémoire populaire se charge de les transmettre sûrement aux générations survenantes. Ce sont les chansons des étudiants (Studentenlieder), les chansons de chasse (Jœgerlieder] et les chansons militaires (Soldatenlieder). Le plus grand nombre de ces pièces ont été faites un peu par tout le monde, car on en ignore les auteurs ; d’autres sont signées de noms depuis longtemps consacrés ; d’autres enfin sont dues à des poètes modernes demeurés fidèles aux mœurs comme aux tradi-