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dépasse les limites de mon sujet. C’est qu’il a plus d’une corde à sa lyre, et que l’on ne court pas risque avec lui d’entendre de fausses notes. Bien qu’il sache, au besoin, peindre un paysage, répéter, par d’harmonieux échos, le murmure de l’onde, le trille de l’alouette, le tintement des cloches champêtres, les gémissements sourds du vent d’automne, il se montre cependant sobre de ces ornements pittoresques, qui ne sont que l’accessoire dans ses tableaux, où la pensée occupe toujours le premier plan. C’est, assurément, la bonne méthode, et les jeux de l’art pour l’art ne constitueront jamais que la gymnastique du talent. M. Karl Candidus ne s’est pas interdit de chanter l’amour (l’Église protestante ne met pas sous le séquestre le cœur de ses ministres), et il l’a fait en quelques pièces d’une délicatesse de sentiment exquise, notamment dans celle qui a pour titre Fleurs de pavot. N’oublions pas de dire, en prenant congé de cette muse aimable dans sa gravité, que son œuvre la plus importante est un poëme en quinze canzones sur le Christ allemand, poëme où, cette fois, le poète a mis toute sa croyance et toute son onction. Ici le lyrisme prend son essor, emporté par les deux blanches ailes de l’espérance et de la charité. L’ouvrage a eu un honneur rare, qui en garantit le solide mérite : Jacob Grimm l’a signalé lui-même chaleureusement à l’attention de l’Allemagne.

De l’humble presbytère du pasteur, passons à l’étroite chambrette, au laborieux atelier de l’artisan. Si nous avons eu notre maître Adam, de Nevers, si nous avons encore aujourd’hui le tisserand Magu, le boulanger Reboul, le coiffeur Jasmin, et tant d’autres, l’Alsace, qui se souvient de Hans Sachs, le plus fécond