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regard fasciné plonge dans la vallée, à laquelle son cœur, plein d’une ineffable joie, envoie mille saluts.

Ô pays entre les Vosges et le Rhin, permets-moi d’être ton fidèle chevalier ! Tu m’as toujours rempli d’une sainte ardeur, lorsque j’ai couru dans tes bras !

Et lorsque, te serrant sur mon cœur, j’ai puisé dans tes yeux la félicité, oh ! qu’à ton tour, tu me regardais avec amour, et qu’enchanteur, tu m’enlaçais dans tes tendres embrassements !

Aussi je le jure du plus profond de ma poitrine : Oui, c’est à toi, belle patrie, ma Joie et mon bonheur ! à toi, hardi Rhin ! à vous, vertes montagnes des Vosges ! que mon cœur et mes chants resteront éternellement consacrés !


Voici, dans toute sa sérénité d’un beau soir d’été, un paysage alsacien, une prairie des bords du Rhin, peinte, il me semble, d’un charmant pinceau :


le soir

Les vertes prairies reposent silencieuses et paisibles sous les derniers rayons du soleil couchant. Voici venir les ombres du crépuscule, qui se détachent de la cime des montagnes pour descendre vers les profondeurs de la vallée, enveloppant dans les plis délicats de leur voile tous les alentours, et mettant sur les yeux de l’homme le bandeau des rêves et de l’oubli.

Les derniers rayons du soleil dorent encore les géants montagneux, tandis que déjà, sur les prairies de la vallée, flotte le voile sombre de la nuit. Ils s’élèvent vers le ciel comme entourés d’une sainte auréole, comme le doigt de Dieu montrant, toujours et toujours, le chemin de l’éternité.

Silence ! Voici les sons d’une cloche, dont les joyeux tintements vibrent dans le crépuscule, à travers la paisible vallée ! Elle jette ses pieux psaumes avec ferveur vers le ciel doré