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Plaçons à côté de M. Mühl, son contemporain et compatriote, M. Théodore Klein. M. Klein aussi est un respectueux amant de la muse germanique, qui n’est pas restée insensible à ses hommages persévérants, n’est de ceux qui ont pris le plus à cœur le rôle de poète allemand en Alsace. Il a d’ailleurs borné lui-même son poétique domaine, d’un côté, par le ruban argenté du Rhin ; de l’autre, par les ondulations azurées des Vosges. Écoutez cette chanson qui est une profession de foi :


aux bords du Rhin

Les chants retentissent, joyeux, le long du Rhin et des Vosges ; c’est là le pays de la poésie, qui s’échappe en riches guirlandes de fleurs du sein de ma belle patrie.

C’est là que se perpétue la vieille tradition dans la bouche du peuple, comme gravée sur un fond d’or, et que sa merveilleuse croyance se transmet de génération en génération.

Ici, tu vois l’antique chapelle sur une clairière de la forêt, au bord du précipice, tandis que le vieux manoir en ruines élève là-bas sa tête au-dessus des sombres sapins.

Ici te salue une paisible abbaye ; il y a longtemps que le dernier moine a passé son seuil, et seule, aujourd’hui, la tempête mugit à travers ses portiques à moitié écroulés, et trouble sa solitude.

Vois comme là-bas le chèvrefeuille enveloppe de son voile vert foncé les débris et les ruines ; c’est ainsi que la charitable nature cache de sa riante végétation les profondes empreintes de l’action destructrice des siècles.

Les ombres du passé sortent de leurs tombes séculaires ; lorsque la voix du poète les évoque ; elles lui apparaissent dans la vallée comme sur les cimes dorées par le soleil.

Il se tient debout sur le rebord de la verte montagne ; son