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je vous hais ! Vous avez tué Sigfrid ; et c’est ainsi que je dois pleurer jusqu’à ma fin. — À quoi bon de plus longs discours ? répond le terrible Hagen ; oui, moi, Hagen, j’ai frappé à mort Sigfrid, le héros, parce que sa femme Chriemhilt avait offensé la belle Brunhild. Que celui qui l’ose vienne pour en tirer vengeance. Je me vante de vous avoir fait beaucoup de mal. »

Ainsi venait de se déclarer un combat à mort. Toutefois, l’heure fatale n’était pas encore arrivée. Malgré la grande supériorité de leur nombre, les Huns qui entourent Chriemhilt n’osent pas engager la lutte avec les deux héros bourguignons. Voyant que personne n’a le courage de les provoquer, ils se lèvent d’un air calme, et se dirigent, sans presser le pas, vers la salle royale, où se trouvent leurs seigneurs et maîtres, afin de les défendre en cas de péril.

Chriemhilt ne tarde pas à paraître, elle aussi, dans la salle royale, sous le prétexte de saluer ses frères et alliés. Toutefois Giselher seul, son plus jeune frère, reçoit d’elle baiser et pressement de main, ce que voyant, Hagen a soin de mieux assurer les boucles de son casque. Après ces froids débuts, Chriemhilt s’informe du trésor des Nibelûngen ; elle désire savoir si les Bourguignons l’ont amené avec eux, ainsi que la chose lui paraît convenable. « Pour ce qui est du trésor des Nibelûngen, répond Hagen, mes seigneurs l’ont fait jeter dans le Rhin, où il reposera jusqu’au dernier jour. Puis il ajoute d’un ton railleur : « J’ai bien eu assez de porter depuis le Rhin jusqu’ici mon bouclier, mon casque, ma cuirasse et mon épée. » Chriemhilt insiste pour que ses hôtes, conformément à la confiance due à l’hospitalité, se débarrassent de