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pressentiments. La première partie du rêve qui, au début du poëme, a troublé l’âme paisible de la belle Chriemhilt, vient de s’accomplir : la jalousie de Brunhild est allumée.

Malgré sa précédente défaite, Brunhild ne tarde pas à ressentir de nouveau son indomptable ardeur guerrière, sa soif insatiable de combats. Le soir du jour de ses noces, elle lutte une fois encore avec Gunther, son époux, et celui-ci, que ne protège plus maintenant la présence de Sigfrid, doit subir la honte d’être vaincu et de se voir lier pieds et mains avec la ceinture de sa fiancée. Affront plus mortifiant encore ! Brunhild le suspend, ainsi garrotté, à un croc fortement enfoncé dans le mur. Ce n’est qu’à force de prières que la terrible reine consent à l’en détacher. Triste et confus, il raconte, le jour suivant, sa mésaventure à son sauveur Sigfrid. Ce dernier se rend encore une fois invisible au moyen de son chaperon magique, lutte une fois encore avec l’indomptable jeune fille, et en est de nouveau vainqueur. Mais, pour le coup, il lui dérobe, sans qu’elle s’en aperçoive, sa ceinture et son anneau. Sigfrid donna ensuite ces deux objets à sa jeune épouse Chriemhilt ; — funeste présent, qui devait entraîner sa perte, ainsi que celle de sa femme, et de sa race, et de ses frères, et de ses leudes, et de milliers de nobles héros !

Cependant Sigfrid prend, tout joyeux, le chemin de sa patrie, afin d’aller présenter sa belle épouse à Sigmund et Sigelinde, ses chers parents. Sigmund dépose, en faveur de son fils, la couronne de l’empire ; il lui confère le droit de justice, ainsi que celui de seigneurie sur les terres et les hommes. Chriemhilt met au