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C’est alors qu’on partageait franchement avec ceux qui étaient moins heureux, ou, pour mieux dire, qui n’étaient pas assez heureux pour faire comme nous et qui n’avaient pas la possibilité d’offrir aux autres. Quel plus grand bonheur au monde que de donner ? Mais, plus tard, la civilisation et une politique cafarde aidant, on perd sa bonne nature, on devient comédien à son tour, et si l’on partage quelque chose dans l’âge mûr, c’est à la condition que la plus grosse part du gâteau reviendra à l’auteur de la proposition de partage. J’ai vu beaucoup de ces misérables et heureux comédiens sur les tréteaux des champs de foire du monde, mais leur succès ne m’a pas gâté le cœur et ne m’a pas fait devenir comédien moi-même. Aussi n’ai-je pas fourni une carrière brillante. O charlatanisme, tu seras donc de tous les temps !



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