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un de ces êtres bons à être aimés à mesure qu’on les connaît davantage. Le baron de Livet passe pour être au mieux, depuis quelques années, avec une de nos plus ravissantes comtesses. Si ce bruit vient à ses oreilles, il n’aura sans doute qu’un chagrin, c’est qu’il ne soit pas vrai.

LA COMTESSE DE GÖRTZ (née EMMA DE BÜLOW)

Ce n’est pas une beauté au profil grec ou romain, à l’œil fendu en amande, aux paupières longues et soyeuses, aux sourcils noirs, épais et retombant en arc sur des tempes d’ivoire ; ce n’est pas une jolie femme au minois coquet, au regard ardent, à l’allure vive et dégagée, c’est mieux que tout cela. C’est une femme charmante dans toute l’acception du mot.

Sa physionomie, sans être précisément spirituelle, porte l’empreinte de la bonté, de la bienveillance et d’une gaieté douce et aimable. Ses traits ne sont pas réguliers, mais ses yeux d’un bleu gris pâle, pareils à la fleur du myosotis, sont veloutés, caressants, et le regard calme, parfois rêveur, qui s’en échappe, ne s’oublie jamais lorsqu’une fois il s’est arrêté sur vous. Elle n’a pas de belles dents, mais son sourire gracieux, attachant, dissimule sans efforts cette imperfection. Mme  de Görtz est très grande ; sa taille, quoiqu’un peu courte, est parfaitement arrondie, et tous ses mouvements ont une voluptueuse souplesse. Ajoutez à ces détails des épaules magnifiques et une peau de cygne d’un éblouissant éclat. On trouve difficilement