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LE COMTE GAÉTAN DE MISSIESSY

Si Vénus, descendue de l’Olympe, nous arrivait quelque jour, comme Pâris, une pomme à la main, ce serait certainement aux pieds de M. de Missiessy qu’elle la déposerait, car celui-ci a, jusqu’à présent, moissonné tous les lauriers de la saison. Il est difficile de rencontrer un cavalier plus parfaitement aimable et plus accompli ; sa taille, sans être haute, est bien prise et d’une élégance remarquable, surtout comme distinction, mais son regard et son sourire, qui captivent tout d’abord, perdent un peu de leur charme dès que l’on s’aperçoit de l’expression sardonique et railleuse qu’ils laissent parfois échapper. Cette expression surprend d’autant plus que M. de Missiessy est blond et qu’il a les yeux bleus, signe ordinaire de la bienveillance et de la douceur ; ses dents sont très belles et donnent de la grâce à sa bouche que surmontent avec coquetterie de petites moustaches recourbées. Il a l’esprit fin, observateur, une jolie conversation, un ton parfait et la réputation d’un homme à bonnes fortunes. Charmant de tenue dans ses toilettes du matin toujours fraîches et variées, il n’a jamais dans ses toilettes de bal qu’un négligé de goût douteux. Il porte invariablement dans les soirées, même les plus élégantes, un habit noir de date et de forme gothiques, un gilet de couleur et un pantalon gris-safran d’un détestable effet. Quand les femmes se donnent la peine ou plutôt le plaisir de passer deux ou trois heures par jour à leur toilette pour nous être agréa-